Depuis la sortie, en 1994, du CD « sonneurs de couple biniou-bombarde les enregistrements historiques [1]», qui a permis de redécouvrir le jeu et le son des sonneurs du début du XXe siècle, aucune nouvelle recherche n’a été menée sur les enregistrements du couple biniou et bombarde commercialisés sous la forme de disque 78-tours. L’ensemble de cette production ne manque pas d’intérêt, comme en témoigne la liste que j’ai établie. |
Dans les années 1950, Polig Monjarret et Youenn Gwernig enregistrent un 78-tours chez Mouez Breiz. |
Aux origines de l’enregistrement sonore
Avant l’apparition du disque plat, le cylindre marque les débuts de l’édition phonographique à la fin du XIXe siècle. Le 78-tours apparaît en France au début du XXe siècle. Il en existe deux types : l’acoustique et l’électrique. Jusque 1925, les disques sont gravés par un procédé mécanique à partir d’un grand pavillon. Avec l’apparition du microphone et de l’enregistrement électrique, l’édition phonographique prend son visage moderne. Il est à noter que l’avènement de la radio en 1920, et la distribution gratuite de musique par les ondes, fait déjà peur à l’industrie phonographique. Les années 1945-1955 seront l’âge d’or du 78-tours. Les marques françaises comme Pathé côtoient les labels étrangers : Gramophone, Columbia… Les répertoires se diversifient ; outre la musique classique et la chanson, le jazz franchit l’Atlantique. Les disques tournant à 78 tours par minute avaient généralement un diamètre de 25 cm (environ 3 minutes d'enregistrement) ou 30 cm (environ 5 minutes d'enregistrement) et contenaient une chanson par face. Parfois seule une face était utilisée.
Les 78-tours « bretons »
Il existe quelques enregistrements sur rouleau de cire, principalement de chanteurs, mais pas de musique instrumentale. Avec les premiers 78-tours, on trouve d’abord des chansons et l’inévitable Théodore Botrel qui enregistre près de 25 disques entre 1904 et 1927. Ces chansons seront aussi largement reprises par de nombreux interprètes, comme par exemple la famille Cueff. Mais, plus intéressant, on trouve aussi des chansons en langue bretonne avec comme interprètes : Jaffrenou, Loeiz Herrieu, Armand Hass, Mona Kerys, Francis Moal, et quelques surprises comme Francis Gourvil, connu surtout comme l’auteur d’une thèse sur le Barzaz Breiz, mais qui était aussi un excellent chanteur, puisqu’il il enregistra deux disques. A remarquer aussi un duo accordéon et chant par Mr et Mme Bars, des léonards, qui enregistrent une quinzaine de disques avec un répertoire intéressant. Les premiers disques de Bagadoù sur 78-tours seront réalisés par Mouez Breiz avec le Bagad Kemper, auxquels il faut ajouter ceux réalisés par la Kevrenn de Rennes chez Ducretet –Thomson. Il existe aussi d’autres disques de musique instrumentale (orchestre, cornemuse, violon, vielle, etc).
Les 78 tours biniou et bombarde
Dans cette étude, je n’ai pas tenu compte des différents formats, diamètres et vitesses (78-t., 80-t.). Je n’ai relevé que les productions commercialisées, sans prendre en compte les nombreux disques réalisés à un exemplaire : collectage, disque radio, disque studio (unitaire réalisé avec des machines à graver). J’ai recensé un total de 39 productions discographiques du couple bombarde et biniou (ou cornemuse), sur le format 78-tours, enregistré de 1925 à 1954. Soit près de quatre heures d’enregistrement au total. Avec 11 productions, la firme Mouez Breiz [2] est la plus importante. Fondée en 1952, à Quimper, par Hermann Wolf (1904-1976), Mouez Breizh assurera une production de qualité pendant plus de 20 ans. Mais plus étonnant, c’est que des firmes nationales et internationales comme Odéon, Gramophone, Pathé, Polydore, produiront aussi des disques de bombarde et biniou. J’ai essayé de retrouver les rééditions de ces enregistrements : seulement dix-huit morceaux sur soixante dix-huit 78 ont été réédités, on est loin du compte ! De plus, ces rééditions sont souvent difficiles à retrouver comme le Jabadao des frères Sciallour disponible uniquement sur un CD… édité aux Etats-Unis !
Rééditions ?
Alors certes l’ensemble est de qualité inégale, mais pourquoi ne pas rééditer par exemple le Monjarret-Gwernig disque réalisé par deux personnalités importantes récemment disparues ? Il ne s’agit pas de juger les qualités musicales, mais de regarder ces enregistrements comme des documents historiques. Ne pourrait-on pas envisager la réédition de l’ensemble de ces disques, ou la mise en écoute sur Internet ? Des enregistrements d’archives de ce type sont régulièrement édités comme par exemple sur le catalogue Fremeaux ou l’on trouve des enregistrements de Cuba, d’Irlande, du Brésil, d’Argentine, ou des musiques : Tziganes, Fado, Yiddish, Flamenco, Cajun, Créoles, etc. … On peut aussi écouter en ligne sur Internet des 78-tours de musique Irlandaise, Arabe, de Blues, etc sur des sites aux USA ou au Canada. Dans un premier temps il serait intéressant de numériser ces 78-tours, le point d’interrogation dans la colonne - A - indique que l’association Dastum recherche le disque pour en faire une copie. Cette liste n’est pas nécessairement exhaustive. Si vous constatez des manques, des erreurs, merci de me contacter : kristian.morvan@laposte.net
Christian Morvan.
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[1] Edité par le Chasse-Marée/ArMen, dans la collection Anthologie des chants et musique de Bretagne. [2] Mouez Breizh a produit plus de 300 références. Musique Bretonne n°202, Mai 2007, pp. 34-35. |